Salle

[Agora]

Anthéa se fraya un chemin parmi la foule pour se mettre juste devant l'estrade. Elle était en colère après Nicias. Comment pouvait-il lui demander une chose pareille ? Elle, acheter un esclave et se mettre à la place de tous ces... hommes qui regardaient ces pauvres gens comme de simples objets. C'était impensable mais elle n'avait pas le choix.

D'un autre côté, cela pouvait être drôle de voir la tête du marchand d'esclaves avec qui elle avait été particulièrement infecte. Peu de temps après la vente, elle s'était réjouie de voir la tête qu'il avait fait à apprendre qu'elle était déjà devenue intendante de la maison du notable. Quelle tête allait-il faire voyant maintenant qu'elle achetait elle-même un esclave.

Mais si elle avait eu le choix, elle se serait tout de même bien passée de cette corvée...

[Agora]

Lysias était arrivé avant la jeune femme, mais il était en pleine discution avec le marchand. Discution fort peu amène si l'on en croyait les quelques mots qui s'en échappaient.

"... n'importe quoi !... pas de résistance ! ... et le prix ! ... Il y a interêt à ce que... Sinon ..."

Un conciliabul suivit ou le marchand montra du doigt quelques uns de ses articles. Lysias hocha la tête et finit par aller s'installer un peu à l'écart de la foule, mais assez proche pour bien voir.

[Place du Marché]

Yelena pénétra pour la première fois en ce lieu. Elle s'arrêta sur le seuil, horrifiée par l'ambiance, les odeurs, les hommes aux yeux pervers... Mais elle fut bien vite bousculée. Ici, personne ne se rendait compte de sa situation, et tant mieux. Elle ressentait de la honte à devoir participer à ces enchères. La jeune femme décida néanmoins de faire son possible, et arriva tant bien que mal au pied de l'estrade.

Son père lui avait toujours interdit d'assister à ce genre de ventes, et elle découvrait tout un univers... Tournant la tête, elle découvrit une jeune femme à côté d'elle. Celle-ci n'avait pas non plu l'air enchantée d'être ici. Instinctivement, Yelena lui adressa un sourire. Pas trop prononcé toutefois.

Anthéa se tourna vers Yelena lorsque celle-ci vint à ses côtés et s'inclina respectueusement.

"Prétresse Yelena... après cette vente, aurais-tu quelques instants à m'accorder ?"

Le sourire de Yelena s'accentua un peu plus, et elle hocha la tête:

"Bien sûr."

Elle eut envie de poser une question, mais la jugea indiscrète, et la ravala. Elle se contenta d'appuyer d'un signe de tête sa réponse.

*Je ne crois pas l'avoir déjà vue...*

Les premiers esclaves arrivèrent. Traités commes des bêtes. Même pour une fille de notable normalement insensible, cette vue était à la limite du supportable.

Arrivé face à la foule qui se pressait en bas de l'estrade, le marchand écarta les bras pour reclamer le silence.

"Citoyens ! Nous allons commencer !"

Un grand sourire bonhomme s'etala sur son visage puis il baissa les yeux et son regard se posa sur deux femmes au premier rang.
Il sentit la colere lui monter au nez.
Depuis quand acceptait-on que des femmes assistent aux ventes !
Elles prendraient bientot sa place si on les laissait faire.

Cependant, habitué à ne rien laisser paraitre d'autre que son habituelle jovialité, il reprit plus fort.

"J'ai pour commencer une merveille ! Oui je ne mache pas mes mots car ils sont sincères !"

D'un geste il fit avancer Astreia.

"Admirez la grâce de cette jeune femme, la perfection de ses traits !"

Il laissa passer un moment de silence pour permettre aux acheteurs potentiels de jauger la qualité de la marchandise.

Yelena renvoya un regard dur au marchand. Comment pouvait-il se permettre de la dévisager aussi familièrement ? Elle accorda un regard à l'esclave, et sentit la révolte l'envahir. Il fallait qu'elle se maîtrise, il le fallait. Fermement, elle s'accrocha au bord de l'estrade, et implora les dieux de venir en aide à la jeune femme présentée.

*Comment Père a-t-il pu assister à ce genre de ventes ? C'est intenable !*

L'image des esclaves de la maison de son enfance lui revinrent en mémoire: ainsi, ils avaient subi ce degré d'humiliation... Yelena serra les dents et tenta de se concentrer sur la vente. Au moins il l'avait appelée 'jeune femme', il aurait pu dire pire, elle avait déjà entendu des dénominations odieuses...

[estrade]

Elle ne dit rien quand le marchand vint la chercher, en même temps qu'airais-t-elle dit? Elle se laissa emener jusqu'à l'estrade, retrouvant le contact presque famillier des regards pervers des acheteurs de l'assistance. Astreia laissa paraitre un faible sourire, elle avait peut être reussi avec Crates mais c'est parce qu'elle avait ressenti quelques choses pour lui dès le depart, là personne ne l'attirait plus qu'un autre.

Voyant que les encheres ne montaient que mollement, le marchand degagea les cheveux d'Astrea de sa coiffe et les fit ruisseler entre ses doigts.

"Regardez, Citoyens ? Lequel d'entre vous mettra cette merveille dans son lit ? Si vous saviez à qui elle etait destinée avant que je ne l'acquiere vous me supplieriez de vous la vendre quitte à y laisser une fortune !!"

D'un geste brusque, il deveti la jeune femme, laissa sa tunique tomber à ses pieds.
De la main il suivit les courbes pleines de son corps et l'obligea à tourner sur elle-meme.

"Pour cette merveille, je demande un brûleur d'encens en argent composé de deux parties. Le pied doit etre formé d'une base carrée, supportée par quatre sphinx posés sur des pattes de lion. Une inscription portée sur le disque intérieur dédie ce brûleur à Aphrodite."

Yelena resta stupéfaite: un tel objet ? Bien sûr qu'elle connaissait ! Elle resta un moment indécise, prise par la rapidité de l'ébullition autour d'elle, puis se décida: de toute manière, il fallait absolument qu'elle reparte de là avec une esclave, autant tenter sa chance...



*Pas vraiment pour mettre dans mon lit mais bon...*

Le marchand resta un moment stupefait.
Comment ? Cette femme là devant pouvait mettre un prix pareil pour une esclave ?

Il soupira et poussa Astreia devant lui pour la faire descendre de l'estrade dans la salle.

"Eh bien Citoyenne, ma foi tu as fait la une belle affaire pour ton ép.."

D'un coup, sa voix mourrut dans sa gorge, la Pretresse !
Il venait de vendre une esclave à la pretresse en personne.

Il se courba légèrement et son ton devint plus mieleux.

"Pretresse, pardonne ma méprise, je ne t'avais pas reconnue au milieu de cette foule. Tu as fait là une bien belle affaire, et je ne doute pas que cette jeune femme te donne toutes.. satisfactions"

Yelena jeta un regard plein de mépris au marchand. En même temps, et même si elle tentait de son mieux de le cacher, elle se sentait très mal. Elle, Yelena, elle venait d'acheter une esclave ! Elle posa son regard sur Astreïa, regard qu'elle désirait assuré mais où brillait sans doute une lueur qui la trahirait.

*J'espère qu'elle n'espérait pas être vendue à un homme...*

Elle ne daigna pas répondre au marchand: une 'affaire' ? Mais c'était une femme qui venait d'être échangée ! La prêtresse adressa un sourire un peu forcé à l'esclave, attendant peut-être de voir sa réaction...
Mais déjà on amenait un autre esclave, un homme cette fois. Yelena fit signe à Astreia de s'écarter avec elle de l'estrade, en prenant soin de récupérer avant la tunique de l'esclave qu'elle lui tendit.

"Comment t'appelles-tu ?" demanda-t-elle tandis que les deux jeunes femmes franchirent le seuil, se frayant avec peine un passage parmi les potentiels acquéreurs.

(suite où tu veux, je te suivrai, dsl je dois absolument partir là)

[Estrade]

Rudemment trâiné devant la foule, Atreides les dévisagea tous avec suffisance. Le menton relevé, tout dans son attitude était provocateur. « Osez m'acheter », semblait-il leur dire.

Ecartant les bras dans un mouvement désormais familier, le marchand s'avança vers la foule.
Un mouvement se fit parmi les notables et de nombreux commentaires appreciateurs lui virent aux oreilles.
Ainsi, ils réagissaient plus à un bel homme qu'à une femme délicieuse.

Il était vrai qu'apres les evenements du mois precédent, beaucoup d'hommes avaient péri.

Il laissa passer un moment puis leva les mains pour reclamer le silence.

"Citoyens !"

Sa voix forte resonna dans l'assemblée.

"Voici maintenant un homme, musclé, vigoureux et travailleur, qui de vous mettra le prix pour posseder une telle bete de somme ?"

Anthéa regardait tour à tour l'esclave et le marchand, trépignant presque sur place.

*Qu'est-ce que je fais ici, qu'est-ce que fais ici...*

Comme si tout bon sens lui avait échappé, Atreides éclata de rire et jeta un regard moqueur au marchand.

« Moi? M'abaisser à travailler pour un autre? Dans tes rêves, marchand. »

Il rua comme un étalon sauvage pour tenter de se libérer de la poigne des serviteurs.